Mon oncles Jules
我的叔叔于勒
莫泊桑
Guy de Maupassant,1850.8.5 -1893.7.6
Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aum?ne. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris.
一個(gè)白胡子窮老頭兒向我們乞求施舍。我的同伴約瑟夫·達弗朗舍竟給了他100蘇。我覺(jué)得有點(diǎn)驚奇。
Il me dit :– Ce misérable m’a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :
他對我說(shuō):這個(gè)可憐的人使我想起一段往事,這段往事我一直念念不能忘懷。下面我就來(lái)講給您聽(tīng)。
Ma famille, originaire du Havre, n’était pas riche. On s’en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J’avais deux s?urs.
我的家庭原籍勒阿弗爾,并不是有錢(qián)人家,也就是勉強度日罷了。我的父親做事,很晚才從辦公室回來(lái),掙的錢(qián)不多。我有兩個(gè)姐姐。
Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides.
我的母親對我們的拮據生活感到非常痛苦,她常常找出一些尖酸刻薄的話(huà),一些含蓄、惡毒的責備話(huà)發(fā)泄在我的父親身上。
Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n’existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante.
這個(gè)可憐人這時(shí)候總做出一個(gè)手勢,叫我看了心里十分難過(guò)。他總是張開(kāi)了手摸一下額頭,好像要抹去根本不存在的汗珠,并且總是一句話(huà)也不回答。我體會(huì )到他那種無(wú)可奈何的痛苦。
On économisait sur tout ; on n’acceptait jamais un d?ner, pour n’avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique.
那時(shí)家里樣樣都要節??;有人請吃飯是從來(lái)不敢答應的,以免回請;買(mǎi)日用品也是常常買(mǎi)減價(jià)的日用品和店鋪里鋪底的存貨。
Mes s?urs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix du galon qui valait quinze centimes le mètre.
姐姐們自己做衣服,買(mǎi)十五個(gè)銅子一米的花邊時(shí)還常常要在價(jià)錢(qián)上爭論半天。
Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et b?uf accommodé à toutes les sauces. Cela est sain et réconfortant, parait-il ; j’aurais préféré autre chose.
我們日常吃的是肉湯和用各種方式做的牛肉。據說(shuō)這又衛生又富于營(yíng)養,不過(guò)我還是喜歡吃別的東西。
On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés.
我要是丟了鈕子或是撕破了褲子,那就要狠狠地挨一頓罵。
Mais chaque dimanche nous allions faire notre tour de jetée en grande tenue. Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants, offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête.
可是每星期日我們都要衣冠整齊地到防波堤上去散步。我的父親穿著(zhù)禮服,戴著(zhù)禮帽,套著(zhù)手套,讓我母親挽著(zhù)胳膊;我的母親打扮得五顏六色,好像節日懸萬(wàn)國旗的海船。
Mes s?urs, prêtes les premières, attendaient le signal du départ ; mais, au dernier moment, on découvrait toujours une tache oubliée sur la redingote du père de famille, et il fallait bien vite l’effacer avec un chiffon mouillé de benzine.
姐姐們總是最先打扮整齊,等待著(zhù)出發(fā)的命令;可是到了最后一刻,總會(huì )在一家之主的禮服上發(fā)現一塊忘記擦掉的污跡,于是趕快用舊布蘸了汽油來(lái)把它擦掉。
Mon père, gardant son grand chapeau sur la tête, attendait, en manches de chemise, que l’opération f?t terminée, tandis que ma mère se hatait, ayant ajusté ses lunettes de myope, et ?té ses gants pour ne les pas gater.
于是我的父親頭上依舊頂著(zhù)大禮帽,只穿著(zhù)背心,露著(zhù)兩只襯衫袖管,等著(zhù)這道手續做完;在這時(shí)候,我的母親架上她的近視眼鏡,脫下了手套,免得弄臟它,忙得個(gè)不亦樂(lè )乎。
On se mettait en route avec cérémonie. Mes s?urs marchaient devant, en se donnant le bras. Elles étaient en age de mariage, et on en faisait montre en ville.
全家很隆重地上路了。姐姐們挽著(zhù)胳膊走在最前面。她們已經(jīng)到了出嫁的年齡,所以帶她們出來(lái)叫城里人看看。
Je me tenais à gauche de ma mère, dont mon père gardait la droite. Et je me rappelle l’air pompeux de mes pauvres parents dans ces promenades du dimanche, la rigidité de leurs traits, la sévérité de leur allure.
我依在我母親的左邊,我父親在她的右首。我現在還記得我可憐的雙親在星期日散步時(shí)候那種正言厲色、舉止莊重、鄭重其事的神氣。
Ils avan?aient d’un pas grave, le corps droit, les jambes raides, comme si une affaire d’une importance extrême e?t dépendu de leur tenue.
他們挺直了腰,伸直了腿,邁著(zhù)沉著(zhù)的步伐向前走著(zhù),就仿佛他們的態(tài)度舉止關(guān)系著(zhù)一樁極端重要的大事。
Et chaque dimanche, en voyant entrer les grands navires qui revenaient de pays inconnus et lointains, mon père pronon?ait invariablement les mêmes paroles :– Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise !
每個(gè)星期日,只要一看見(jiàn)那些從遼遠的陌生地方回來(lái)的大海船開(kāi)進(jìn)港口,我的父親總要說(shuō)他那句從不變更的話(huà):唉!如果于勒就在這條船上,那會(huì )多么叫人驚喜呀!
Mon oncle Jules, le frère de mon père, était le seul espoir de la famille, après en avoir été la terreur. J’avais entendu parler de lui depuis mon enfance, et il me semblait que je l’aurais reconnu du premier coup, tant sa pensée m’était devenue familière. Je savais tous les détails de son existence jusqu’au jour de son départ pour l’Amérique, bien qu’on ne parlat qu’à voix basse de cette période de sa vie.
我父親的弟弟于勒叔叔是全家惟一的希望,而在這以前曾經(jīng)是全家的禍害。我從小就聽(tīng)家里人談?wù)撨@位叔叔,我對他已是那樣熟悉,大概一見(jiàn)面就能立刻認出他來(lái)。他動(dòng)身到美洲去以前的生活,連細枝末節我都完全知道,雖然家里人談起他這一段生活總是壓低了聲音。
Il avait eu, parait-il, une mauvaise conduite, c’est-à-dire qu’il avait mangé quelque argent, ce qui est bien le plus grand des crimes pour les familles pauvres.
據說(shuō)他當初行為很不端正,就是說(shuō)他曾經(jīng)揮霍過(guò)一些錢(qián)財,這在窮人的家庭里是罪惡當中最大的一種。
Chez les riches, un homme qui s’amuse fait des bêtises. Il est ce qu’on appelle en souriant, un noceur. Chez les nécessiteux, un gar?on qui force les parents à écorner le capital devient un mauvais sujet, un gueux, un dr?le !
在有錢(qián)人的家里,一個(gè)人吃喝玩樂(lè )無(wú)非算是糊涂荒唐。大家笑嘻嘻地稱(chēng)呼他一聲花花公子。在生活困難的家庭里,一個(gè)人要是逼得父母動(dòng)老本兒,那他就是一個(gè)壞蛋,一個(gè)流氓,一個(gè)無(wú)賴(lài)了。
Et cette distinction est juste, bien que le fait soit le même, car les conséquences seules déterminent la gravité de l’acte.Enfin l’oncle Jules avait notablement diminué l’héritage sur lequel comptait mon père ; après avoir d’ailleurs mangé sa part jusqu’au dernier sou.
雖然事情是一樣的事情,這樣區別開(kāi)來(lái)還是對的,因為行為的好壞,只有結果能夠決定。
總之,于勒叔叔把自己應得的那部分遺產(chǎn)吃得一干二凈之后,還大大減少了我父親所指望的那一部分。
On l’avait embarqué pour l’Amérique, comme on faisait alors, sur un navire marchand allant du Havre à New-York.
按照當時(shí)的慣例,他被送上一只從勒阿弗爾開(kāi)往紐約的商船,到美洲去了。
Une fois là-bas, mon oncle Jules s’établit marchand de je ne sais quoi, et il écrivit qu’il gagnait un peu d’argent et qu’il espérait pouvoir dédommager mon père du tort qu’il lui avait fait.
一到了那里,我這位于勒叔叔就做上了不知什么買(mǎi)賣(mài),不久就寫(xiě)信來(lái)說(shuō)他賺了點(diǎn)錢(qián),并且希望能夠賠償我父親的損失。
Cette lettre causa dans la famille une émotion profonde. Jules, qui ne valait pas, comme on dit, les quatre fers d’un chien, devint tout à coup un honnête homme, un gar?on de c?ur, un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche.
這封信在我的家庭里引起了極大的震動(dòng)。于勒,大家都認為分文不值的于勒,一下子成了正直好人,有良心的人,達夫朗什家的好子弟,跟所有達夫朗什家的子弟一樣公正無(wú)欺了。
Un capitaine nous apprit en outre qu’il avait loué une grande boutique et qu’il faisait un commerce important.
有一位船長(cháng)又告訴我們,說(shuō)他已租了一所大店鋪,做著(zhù)一樁很大的買(mǎi)賣(mài)。
Une seconde lettre, deux ans plus tard, disait : ? Mon cher Philippe, je t’écris pour que tu ne t’inquiètes pas de ma santé, qui est bonne. Les affaires aussi vont bien. Je pars demain pour un long voyage dans l’Amérique du Sud. Je serai peut-être plusieurs années sans te donner de mes nouvelles. Si je ne t’écris pas, ne sois pas inquiet. Je reviendrai au Havre une fois fortune faite. J’espère que ce ne sera pas trop long, et nous vivrons heureux ensemble... ?
兩年后又接到第二封信,信上說(shuō): 我親愛(ài)的菲利普,我給你寫(xiě)這封信是免得你擔心我的健康,我身體很好。買(mǎi)賣(mài)也好。明天我就動(dòng)身到南美去作一次長(cháng)期旅行,也許要好幾年不給你寫(xiě)信。如果真的不給你寫(xiě)信,你也不必擔心。我發(fā)了財就會(huì )回勒阿弗爾的。我希望為期不會(huì )太遠,那時(shí)我們就可以一起快活地過(guò)日子了……
Cette lettre était devenue l’évangile de la famille. On la lisait à tout propos, on la montrait à tout le monde.
這封信成了我們家里的福音書(shū)。一有機會(huì )就要拿出來(lái)念,見(jiàn)人就拿出來(lái)給他看。
Pendant dix ans en effet, l’oncle Jules ne donna plus de nouvelles ; mais l’espoir de mon père grandissait à mesure que le temps marchait ; et ma mère disait souvent :
– Quand ce bon Jules sera là, notre situation changera. En voilà un qui a su se tirer d’affaire !
果然,十年之內于勒叔叔沒(méi)有再來(lái)過(guò)信,可是我父親的希望卻在與日俱增;我的母親也常常這樣說(shuō):只要這個(gè)好心的于勒一回來(lái),我們的境況就不同了。他可真算得一個(gè)有辦法的人!
Et chaque dimanche, en regardant venir de l’horizon les gros vapeurs noirs vomissant sur le ciel des serpents de fumée, mon père répétait sa phrase éternelle :– Hein ! si Jules était là-dedans, quelle surprise !
于是每個(gè)星期日,一看見(jiàn)大輪船向上空噴著(zhù)蜿蜒如蛇的黑煙,從天邊駛過(guò)來(lái)的時(shí)候,我父親總是重復說(shuō)他那句永不變更的話(huà):
唉!如果于勒就在這條船上,那會(huì )多么叫人驚喜呀!
Et on s’attendait presque à le voir agiter un mouchoir, et crier :– Ohé ! Philippe.
簡(jiǎn)直就像是馬上可以看見(jiàn)他手里揮著(zhù)手帕叫喊: 喂!菲利普!
On avait échafaudé mille projets sur ce retour assuré ; on devait même acheter, avec l’argent de l’oncle, une petite maison de campagne près d’Ingouville. Je n’affirmerais pas que mon père n’e?t point entamé déjà des négociations à ce sujet.
叔叔回國這樁事十拿九穩,大家擬定了上千種計劃,甚至于計劃到要用這位叔叔的錢(qián)在安古維爾附近置一所別墅。我不敢肯定我的父親是不是已經(jīng)就這件事進(jìn)行過(guò)商談。
L’a?née de mes s?urs avait alors vingt-huit ans ; l’autre vingt-six. Elles ne se mariaient pas, et c’était là un gros chagrin pour tout le monde.
我的大姐那時(shí)二十八歲,二姐二十六歲。她們還沒(méi)有結婚,全家都為這件事十分發(fā)愁。
Un prétendant enfin se présenta pour la seconde. Un employé, pas riche, mais honorable. J’ai toujours eu la conviction que la lettre de l’oncle Jules, montrée un soir, avait terminé les hésitations et emporté la résolution du jeune homme.
后來(lái)終于有一個(gè)看中二姐的人上門(mén)來(lái)了。他是一個(gè)公務(wù)員,沒(méi)有什么錢(qián),但是誠實(shí)可靠。我總認為這個(gè)年輕人下決心求婚,不再遲疑,完全是因為有一天晚上我們給他看了于勒叔叔的信的緣故。
On l’accepta avec empressement, et il fut décidé qu’après le mariage toute la famille ferait ensemble un petit voyage à Jersey.
我們家趕忙答應了他的請求,并且決定婚禮之后全家都到哲爾塞島去小游一次。
Jersey est l’idéal du voyage pour les gens pauvres. Ce n’est pas loin ; on passe la mer dans un paquebot et on est en terre étrangère, cet ?lot appartenant aux Anglais. Donc, un Fran?ais, avec deux heures de navigation, peut s’offrir la vue d’un peuple voisin chez lui et étudier les m?urs, déplorables d’ailleurs, de cette ?le couverte par le pavillon britannique, comme disent les gens qui parlent avec simplicité.
哲爾塞島是窮人們最理想的游玩地點(diǎn),路并不遠;乘小輪船渡過(guò)海,便到了外國的土地上,因為這個(gè)小島是屬于英國的。因此,一個(gè)法國人只要航行兩個(gè)鐘頭,就可以到一個(gè)鄰國去看看這個(gè)民族,并且研究一下在大不列顛國旗覆蓋下的這個(gè)島上的風(fēng)俗。
Ce voyage de Jersey devint notre préoccupation, notre unique attente, notre rêve de tous les instants.
哲爾塞島的旅行成了我們朝思暮想、時(shí)時(shí)刻刻盼望、等待的一件事了。
On partit enfin. Je vois cela comme si c’était d’hier : le vapeur chauffant contre le quai de Granville ; mon père, effaré, surveillant l’embarquement de nos trois colis ; ma mère inquiète ayant pris le bras de ma s?ur non mariée, qui semblait perdue depuis le départ de l’autre, comme un poulet resté seul de sa couvée ; et, derrière nous, les nouveaux époux qui restaient toujours en arrière, ce qui me faisait souvent tourner la tête.
我們終于動(dòng)身了。我現在想起來(lái)還像是昨天剛發(fā)生的事:輪船靠著(zhù)格朗維爾碼頭生火待發(fā);我的父親慌慌張張地監視著(zhù)我們的三個(gè)包袱搬上船;我的母親不放心地挽著(zhù)我那未嫁姐姐的胳膊。自從二姐出嫁后,我的大姐就像一窩雞里剩下的一只小雞一樣有點(diǎn)丟魂失魄;在我們后邊是那對新婚夫婦,他們總落在后面,使我常常要回過(guò)頭去看看。
Le batiment siffla. Nous voici montés, et le navire, quittant la jetée, s’éloigna sur une mer plate comme une table de marbre vert. Nous regardions les c?tes s’enfuir, heureux et fiers comme tous ceux qui voyagent peu.
汽笛響了。我們已經(jīng)上了船,輪船離開(kāi)了防波堤,在風(fēng)平浪靜,像綠色大理石桌面一樣平坦的海上駛向遠處。我們看著(zhù)海岸向后退去,正如那些不常旅行的人們一樣,感到快活而驕傲。
Mon père tendait son ventre, sous sa redingote dont on avait, le matin même, effacé avec soin toutes les taches, et il répandait autour de lui cette odeur de benzine des jours de sortie, qui me faisait reconna?tre les dimanches.
我的父親高高挺著(zhù)藏在禮服里面的肚子,這件禮服,家里人在當天早上仔細地擦掉了所有的污跡,此刻在他四周散布著(zhù)出門(mén)日子里必有的汽油味;我一聞到這股氣味,就知道星期日到了。
Tout à coup, il avisa deux dames élégantes à qui deux messieurs offraient des hu?tres. Un vieux matelot déguenillé ouvrait d’un coup de couteau les coquilles et les passait aux messieurs qui les tendaient ensuite aux dames.
我的父親忽然看見(jiàn)兩位先生在請兩位打扮很漂亮的太太吃牡蠣。一個(gè)衣服襤褸的年老水手拿小刀撬開(kāi)牡蠣,遞給了兩位先生,再由他們傳給兩位太太。
Elles mangeaient d’une manière délicate, en tenant l’écaille sur un mouchoir fin et en avan?ant la bouche pour ne point tacher leurs robes. Puis elles buvaient l’eau d’un petit mouvement rapide et jetaient la coquille à la mer.
他們的吃法也很文雅,一方精致的手帕托著(zhù)蠣殼,把嘴稍稍向前伸著(zhù),免得弄臟了衣服;然后嘴很快地微微一動(dòng)就把汁水喝了進(jìn)去,蠣殼就扔在海里。
Mon père, sans doute, fut séduit par cet acte distingué de manger des hu?tres sur un navire en marche. Il trouva cela bon genre, raffiné, supérieur, et il s’approcha de ma mère et de mes s?urs en demandant :– Voulez-vous que je vous offre quelques hu?tres ?
在行駛著(zhù)的海船上吃牡蠣,這件文雅的事毫無(wú)疑問(wèn)打動(dòng)了我父親的心。他認為這是雅致高級的好派頭兒,于是他走到我母親和兩位姐姐身邊問(wèn)道:你們要不要我請你們吃牡蠣?
Ma mère hésitait, à cause de la dépense ; mais mes deux s?urs acceptèrent tout de suite. Ma mère dit, d’un ton contrarié :– J’ai peur de me faire mal à l’estomac. Offre ?a aux enfants seulement, mais pas trop, tu les rendrais malades.
我的母親有點(diǎn)遲疑不決,她怕花錢(qián);但是兩位姐姐馬上表示贊成。于是我的母親很不痛快地說(shuō):我怕傷胃,你買(mǎi)給孩子們吃好了,可別太多,吃多了要生病的。
Puis, se tournant vers moi, elle ajouta :
– Quant à Joseph, il n’en a pas besoin ; il ne faut point gater les gar?ons.
Je restai donc à c?té de ma mère, trouvant injuste cette distinction. Je suivais de l’?il mon père, qui conduisait pompeusement ses deux filles et son gendre vers le vieux matelot déguenillé.
然后轉過(guò)身對著(zhù)我,她又說(shuō):至于約瑟夫,他用不著(zhù)吃了,別把小孩子慣壞了。
我只好留在我母親身邊,心里覺(jué)得這種不同的待遇很不公道。
我一直望著(zhù)我的父親,看見(jiàn)他鄭重其事地帶著(zhù)兩個(gè)女兒和女婿向那個(gè)衣服襤褸的老水手走去。
Les deux dames venaient de partir, et mon père indiquait à mes s?urs comment il fallait s’y prendre pour manger sans laisser couler l’eau ; il voulut même donner l’exemple et il s’empara d’une hu?tre.
先前的那兩位太太已經(jīng)走開(kāi),我父親就教給姐姐怎樣吃才不至于讓汁水灑出來(lái),他甚至要吃一個(gè)做做樣子給她們看。
En essayant d’imiter les dames, il renversa immédiatement tout le liquide sur sa redingote et j’entendis ma mère murmurer :– Il ferait mieux de se tenir tranquille.
他剛一試著(zhù)模仿那兩位太太,就立刻把牡蠣的汁水全濺在他的禮服上,于是我聽(tīng)見(jiàn)我的母親嘟囔著(zhù)說(shuō):何苦來(lái)!老老實(shí)實(shí)待一會(huì )兒多好!
Mais tout à coup mon père me parut inquiet ; il s’éloigna de quelques pas, regarda fixement sa famille pressée autour de l’écailleur, et, brusquement, il vint vers nous. Il me sembla fort pale, avec des yeux singuliers. Il dit, à mi-voix, à ma mère :
– C’est extraordinaire, comme cet homme qui ouvre les hu?tres ressemble à Jules.
不過(guò)我的父親突然間好像不安起來(lái);他向旁邊走了幾步,瞪著(zhù)眼看著(zhù)擠在賣(mài)牡蠣的身邊的女兒女婿,突然他向我們走了回來(lái)。
他的臉色似乎十分蒼白,眼神也跟尋常不一樣。他低聲對我母親說(shuō):真奇怪!這個(gè)賣(mài)牡蠣的怎么這樣像于勒!
Ma mère, interdite, demanda :
– Quel Jules ?...
Mon père reprit :
– Mais... mon frère... Si je ne le savais pas en bonne position en Amérique, je croirais que c’est lui.
我的母親有點(diǎn)莫名其妙,就問(wèn): 哪個(gè)于勒?
我的父親說(shuō):就……就是我的弟弟呀……如果我不知道他現在是在美洲,有很好的地位,我真會(huì )以為就是他哩。
Ma mère effarée balbutia :
– Tu es fou ! Du moment que tu sais bien que ce n’est pas lui, pourquoi dire ces bêtises-là ?
– Va donc le voir, Clarisse ; j’aime mieux que tu t’en assures toi-même, de tes propres yeux.
我的母親也怕起來(lái)了,她結結巴巴地說(shuō):你瘋了!既然你知道不是他,為什么這樣胡說(shuō)八道?
可是我的父親還是放不下心,他說(shuō): 克拉麗絲,你去看看吧!最好還是你去把事情弄個(gè)清楚,你親眼去看看。
Elle se leva et alla rejoindre ses filles. Moi aussi, je regardais l’homme. Il était vieux, sale, tout ridé, et ne détournait pas le regard de sa besogne.
她站起身來(lái)去找她兩個(gè)女兒。我也端詳了一下那個(gè)人。他又老又臟,滿(mǎn)臉都是皺紋,眼睛始終不離開(kāi)他手里干的活兒。
Ma mère revint. Je m’aper?us qu’elle tremblait. Elle pronon?a très vite :
– Je crois que c’est lui. Va donc demander des renseignements au capitaine. Surtout sois prudent, pour que ce garnement ne nous retombe pas sur les bras, maintenant !
我的母親回來(lái)了。我看出她在哆嗦。她很快地說(shuō):我看就是他。去跟船長(cháng)打聽(tīng)一下吧??梢嗉有⌒?,別叫這個(gè)小子又回來(lái)纏上咱們!
Mon père s’éloigna, mais je le suivis. Je me sentais étrangement ému.
我的父親趕緊去了,我這次可跟著(zhù)他走了。我心里感到異常激動(dòng)。
Le capitaine, un grand monsieur, maigre, à longs favoris, se promenait sur la passerelle d’un air important, comme s’il e?t commandé le courrier des Indes.
船長(cháng)是個(gè)大高個(gè)兒,瘦瘦的,蓄著(zhù)長(cháng)長(cháng)的頰須,他正在駕駛臺上散步,那不可一世的神氣,就仿佛他指揮的是一艘開(kāi)往印度的大郵船。
Mon père l’aborda avec cérémonie, en l’interrogeant sur son métier avec accompagnement de compliments :
– Quelle était l’importance de Jersey ? Ses productions ? Sa population ? Ses m?urs ? Ses coutumes ? La nature du sol, etc., etc.
On e?t cru qu’il s’agissait au moins des états-Unis d’Amérique.
我的父親客客氣氣地和他搭上了話(huà),一面恭維一面打聽(tīng)與他職業(yè)上有關(guān)的事情,例如:澤西是否重要?有何出產(chǎn)?人口多少?風(fēng)俗習慣如何?土地性質(zhì)如何?等等。
不知道內情的人還以為他們談?wù)摰闹辽偈敲览麍院媳妵ā?/p>
Puis on parla du batiment qui nous portait, l’Express, puis on en vint à l’équipage. Mon père, enfin, d’une voix troublée :
– Vous avez là un vieil écailleur d’hu?tres qui parait bien intéressant. Savez-vous quelques détails sur ce bonhomme ?
后來(lái)終于談到我們搭乘的這只船快速號,接著(zhù)又談到船員。
最后我的父親才有點(diǎn)局促不安地問(wèn): 您船上有一個(gè)賣(mài)牡蠣的,看上去倒很有趣。您知道點(diǎn)兒這個(gè)人的底細嗎?
Le capitaine, que cette conversation finissait par irriter, répondit sèchement :
– C’est un vieux vagabond fran?ais que j’ai trouvé en Amérique l’an dernier, et que j’ai rapatrié. Il a, para?t-il, des parents au Havre, mais il ne veut pas retourner près d’eux, parce qu’il leur doit de l’argent. Il s’appelle Jules... Jules Darmanche ou Darvanche, quelque chose comme ?a, enfin. Il para?t qu’il a été riche un moment là-bas, mais vous voyez où il en est réduit maintenant.
船長(cháng)最后對這番談話(huà)感到不耐煩了,他冷冷地回答:他是個(gè)法國老流浪漢,去年我在美洲碰到他,就把他帶回國。據說(shuō)他在勒阿弗爾還有親戚,不過(guò)他不愿回去找他們,因為他欠著(zhù)他們錢(qián)。他叫于勒……姓達爾芒什,或者是達爾旺什,總之是跟這差不多的那么一個(gè)姓。聽(tīng)說(shuō)他在那邊曾經(jīng)一度闊綽過(guò),可是您看他今天落魄到了什么地步。
Mon père, qui devenait livide, articula, la gorge serrée, les yeux hagards :
– Ah ! ah ! très bien... fort bien... Cela ne m’étonne pas... Je vous remercie beaucoup, capitaine.
Et il s’en alla, tandis que le marin le regardait s’éloigner avec stupeur.
我的父親臉色煞白,兩眼呆直,嗓子發(fā)哽地說(shuō): 啊!啊!好……很好……我并不感到奇怪……謝謝您,船長(cháng)。
他說(shuō)完就走了,船長(cháng)困惑不解地望著(zhù)他走遠了。
Il revint auprès de ma mère, tellement décomposé qu’elle lui dit :
– Assieds-toi ; on va s’apercevoir de quelque chose.
Il tomba sur le banc en bégayant :
– C’est lui, c’est bien lui !
Puis il demanda.– Qu’allons-nous faire ?...
他回到我母親身旁,神色是那么張皇,母親趕緊對他說(shuō):你先坐下吧!別叫他們看出來(lái)。
他一屁股就坐在長(cháng)凳上,嘴里結結巴巴地說(shuō)道:是他,真是他!
然后他就問(wèn):咱們怎么辦呢?……
Elle répondit vivement.– Il faut éloigner les enfants. Puisque Joseph sait tout, il va aller les chercher. Il faut prendre garde surtout que notre gendre ne se doute de rien.
我母親馬上回答:應該把孩子們領(lǐng)開(kāi)。約瑟夫既然已經(jīng)全知道了,就讓他去把他們找回來(lái)。千萬(wàn)要留心,別叫咱們女婿起疑心。
Mon père paraissait atterré. Il murmura :
– Quelle catastrophe !
我的父親好像嚇傻了,低聲嘟噥著(zhù): 真是飛來(lái)橫禍!
Ma mère ajouta, devenue tout à coup furieuse :– Je me suis toujours doutée que ce voleur ne ferait rien, et qu’il nous retomberait sur le dos ! Comme si on pouvait attendre quelque chose d’un Davranche !...
我的母親突然大發(fā)雷霆,說(shuō):我早就知道這個(gè)賊不會(huì )有出息,早晚會(huì )再來(lái)纏上我們!倒好像一個(gè)達夫朗什家里的人還能讓人抱什么希望似的!
Et mon père se passa la main sur le front, comme il faisait sous les reproches de sa femme.
Elle ajouta :
– Donne de l’argent à Joseph pour qu’il aille payer ces hu?tres, à présent. Il ne manquerait plus que d’être reconnu par ce mendiant. Cela ferait un joli effet sur le navire. Allons-nous-en à l’autre bout, et fais en sorte que cet homme n’approche pas de nous !
我父親用手抹了一下額頭,正如平常受到太太責備時(shí)那樣。
我母親接著(zhù)又說(shuō):把錢(qián)交給約瑟夫,叫他趕快去把牡蠣錢(qián)付清。已經(jīng)夠倒霉的了,要是再被這個(gè)討飯的認出來(lái),在這船上可就有熱鬧看了。咱們到船那頭去,注意別叫那人挨近我們!
Elle se leva, et ils s’éloignèrent après m’avoir remis une pièce de cent sous.
她站了起來(lái),他們在給了我一個(gè)100蘇以后,就走了。
Mes s?urs, surprises, attendaient leur père. J’affirmai que maman s’était trouvée un peu gênée par la mer, et je demandai à l’ouvreur d’hu?tres :– Combien est-ce que nous vous devons, monsieur ?
我的兩個(gè)姐姐等著(zhù)父親不來(lái),正在納悶。我說(shuō)媽媽有點(diǎn)暈船,隨即問(wèn)那個(gè)賣(mài)牡蠣的:應該付您多少錢(qián),先生?
J’avais envie de dire : mon oncle.
Il répondit :
– Deux francs cinquante.
我真想喊他:我的叔叔。
他回答: 兩個(gè)半法郎。
Je tendis mes cent sous et il me rendit la monnaie.
Je regardais sa main, une pauvre main de matelot toute plissée, et je regardais son visage, un vieux misérable visage, triste, accablé, en me disant :
C’est mon oncle, le frère de papa, mon oncle !
我把100蘇給了他,他把找頭遞回給我。
我看了看他的手,那是一只滿(mǎn)是皺痕的水手的手;我又看了看他的臉,那是一張貧困衰老的臉,滿(mǎn)面愁容,疲憊不堪。我心里默念道: 這是我的叔叔,父親的弟弟,我的親叔叔。
Je lui laissai dix sous de pourboire. Il me remercia :
– Dieu vous bénisse, mon jeune monsieur !
我給了他10蘇的小費,他趕緊謝我: 上帝保佑您,我的年輕先生!
Avec l’accent d’un pauvre qui re?oit l’aum?ne. Je pensai qu’il avait d? mendier, là-bas !Mes s?urs me contemplaient, stupéfaites de ma générosité.
說(shuō)話(huà)的聲調是窮人接到施舍時(shí)的聲調。我心想他在那邊一定要過(guò)飯。
兩個(gè)姐姐看我這么慷慨,覺(jué)得奇怪,仔細地端詳著(zhù)我。
Quand je remis les deux francs à mon père, ma mère, surprise, demanda :
– Il y en avait pour trois francs ?... Ce n’est pas possible.
– J’ai donné dix sous de pourboire.
等我把兩法郎交給我父親,母親詫異起來(lái),問(wèn):吃了三個(gè)法郎?……這不可能。
我用堅定的口氣宣布:我給了半個(gè)法郎的小費。
Ma mère eut un sursaut et me regarda dans les yeux :
– Tu es fou ! Donner dix sous à cet homme, à ce gueux !...
Elle s’arrêta sous un regard de mon père, qui désignait son gendre.
Puis on se tut.
我的母親嚇了一跳,瞪著(zhù)眼睛望著(zhù)我說(shuō): 你簡(jiǎn)直是瘋了!拿半個(gè)法郎給這個(gè)人,給這個(gè)無(wú)賴(lài)!……
她沒(méi)有再往下說(shuō),因為我的父親望望女婿對她使了個(gè)眼色。后來(lái)大家都不再說(shuō)話(huà)。
Devant nous, à l’horizon, une ombre violette semblait sortir de la mer. C’était Jersey.
在我們面前,天邊遠遠地仿佛有一片紫色的陰影從海里鉆出來(lái)。那就是哲爾塞島了。
Lorsqu’on approcha des jetées, un désir violent me vint au c?ur de voir encore une fois mon oncle Jules, de m’approcher, de lui dire quelque chose de consolant, de tendre.
當船靠近堤岸的時(shí)候,我內心深處特別想再一次看看我的叔叔于勒,靠近他,對他說(shuō)輕輕地說(shuō)一些安慰的話(huà)。
Mais, comme personne ne mangeait plus d’hu?tres, il avait disparu, descendu sans doute au fond de la cale infecte où logeait ce misérable.
但是,由于不再有人吃牡蠣,他就消失了,這位可憐的人可能下去回到他住的散發(fā)臭味的底艙去了。
Et nous sommes revenus par le bateau de Saint-Malo, pour ne pas le rencontrer. Ma mère était dévorée d’inquiétude.
我們回來(lái)的時(shí)候改乘圣瑪洛號船,以免再遇見(jiàn)他。我的母親一肚子心事,愁得了不得。
Je n’ai jamais revu le frère de mon père !
此后我再也沒(méi)見(jiàn)過(guò)我父親的弟弟!
Voilà pourquoi tu me verras quelquefois donner cent sous aux vagabonds.
這就是為什么你會(huì )看到我有時(shí)候給流浪漢100蘇的原因了。
文章來(lái)源:法語(yǔ)世界